N° 20 |
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Cette année 2003 aura été marquée, en dehors de
l’entretien courant et de l’amélioration des bâtiments
existants, par la construction d’un réservoir d’eau de grande
capacité.
Nous avons eu l’occasion, à maintes reprises durant ces dernières
années, de vous parler des problèmes d’eau auxquels le centre
doit faire face. Rappelons-en brièvement les grandes lignes pour les
personnes nouvelles.
Le problème d’eau, récurrent au centre depuis bientôt
trente ans, a pour origine l’absence de raccordement de notre hameau au
réseau d’eau public. A l’origine, la propriété
disposait d’une petite source dont nous avons progressivement amélioré
le captage et nous en avons trouvé deux autres. Ces sources ont un débit
très important l’hiver mais se tarissent l’été.
Pour combler le déficit estival, nous avons construit en vingt ans trois
citernes, qui, bien que cumulant une capacité totale de 430 000 litres,
se sont révélées insuffisantes ces dernières années,
avec l’augmentation constante de la fréquentation du centre. La
construction d’un nouveau réservoir s’est donc imposée.
En 2002, nous avons effectué les terrassements nécessaires, déblayant
près de 500 m3 de roches. Notre appel au bénévolat dans
les précédents numéros de ce bulletin fut couronné
de succès. Un ingénieur, spécialisé dans la construction
d’ouvrages de génie civil fût trouvé par ce biais
ainsi qu’une équipe de bâtisseurs motivés.
Le coup d’envoi des travaux fut donné le 13 mai 2003. Le 3 septembre
- moins de quatre mois après - le gros oeuvre était terminé
(voici quelques vues
de la construction , en plus de celles déjà présentes
sur le site) et le remplissage du réservoir pouvait commencer. Deux mois
supplémentaires furent nécessaires pour installer toute la partie
hydraulique de l’ouvrage : tuyauterie, pompes, filtres, raccordement au
réseau existant, etc.
Le nouveau réservoir contient 600 000 litres ce qui porte la capacité
de stockage totale à 1 000 000 de litres. Pour sa réalisation
nous avons loué un système de coffrages, utilisé 500 tonnes
de béton et 30 tonnes de ferrailles.
Le budget total est d’environ 100 000 € (matériaux et locations).
La canicule de cet été a démontré la nécessité
d’un nouveau réservoir de grande capacité. Nous avons dû
faire monter des dizaines de camions d’eau potable pour pallier à
la sécheresse dès juillet, pour un coût d’environ
3000€. Même si nous espérons que les étés à
venir ne seront pas aussi sévères que celui-ci, nous devons continuer
à rester vigilants. Même avec la nouvelle citerne, nos réserves
ne seront suffisantes que si tous nos membres continuent à utiliser l’eau
avec parcimonie.
Je tiens à remercier toute l’équipe de bénévoles
et particulièrement M. Pierre Moisescot, notre ami ingénieur,
qui a sacrifié de nombreux week-ends pour nous rendre service.
Patrick Siegenthaler, responsable travaux
Maintenant que l’alimentation en eau est assurée, Karma Migyur
Ling peut se tourner vers le stade final de ses projets, qui épuisera
l’allocation en mètres carrés constructibles attribuée
par la Direction de l’Equipement. Il s’agit d’un ensemble
de bâtiments d’environ 600 mètres carrés, destinés
à recevoir des promotions de candidats des deux sexes à la retraite
traditionnelle de 3 ans, et dans l’intervalle de celles-ci, des personnes
désireuses d’accomplir une retraite solitaire de durée variable.
Vingt chambres confortables pourront accueillir les retraitant(e)s dans deux
centres identiques mitoyens, l’un pour les femmes, l’autre pour
les hommes. Le centre sera installé sur la plate-forme créée
au-dessus du temple, qui sert actuellement de camping l’été,
juste suffisante pour le projet dont l’élaboration est en cours.
Nous ne pouvons qu’en donner les grandes lignes. Chaque centre, pourvu
d’une entrée indépendante, comprendra dix chambres avec
sanitaire et chauffage, un temple et une salle de yoga, une cuisine et une salle
à manger, des douches, une cour tenue à l’abri des regards
par une clôture. La construction sera effectuée, comme d’habitude,
par l’équipe du centre dirigée par Patrick, et à
voir la réussite du bâtiment F et des stoupas, nous pouvons légitimement
espérer un résultat analogue.
Il est encore trop tôt pour fournir un planning précis et les chiffres
suivants sont approximatifs. La construction pourrait commencer courant 2004
et durer jusqu’en 2006. L’année 2007 serait consacrée
à la préparation intellectuelle et pratique des candidats : cours
théoriques, étude du tibétain qu’il est indispensable
de pouvoir lire, retraites de quelques mois afin de tester la motivation et
les capacités. La retraite proprement dite débuterait en 2008.
Ce beau programme dépend évidemment de l’aide que pourront
fournir nos membres, et ce dans plusieurs domaines.
Le premier est financier. Même si nous assurons le travail de construction,
l’importance des bâtiments nécessite un gros investissement.
Nous accueillerons donc tous les dons avec une vive reconnaissance. Depuis le
début, Karma Migyur Ling n’a construit qu’en fonction de
la générosité de ses membres. Nous savons pouvoir compter
sur elle.
Pour la construction pratique, il sera très utile de pouvoir s’appuyer
sur des travailleurs bénévoles, pour des temps variables et des
compétences diverses. Ceux qui pourraient s’investir dans ce domaine
sont priés de se faire connaître à Patrick. Un lama du Bost
nous aide à établir les plans qui préjugent heureusement
de la suite.
Il reste enfin à remplacer certains des résidents de l’équipe
actuelle, qui participeront sans doute à la retraite. Cela suppose de
pouvoir les remplacer par des candidats compétents et responsables, décidés
à s’investir dans la marche du centre pour le long terme. Nous
évoquerons, entre autres, les fonctions de gestion administrative, traduction,
gérance de la boutique, etc. C’est donc dès maintenant que
des sujets intéressés peuvent manifester leur candidature.
Lama Teunsang a bien voulu accepter d’assurer la direction de la retraite,
assisté d’autres lamas, et a obtenu l’accord de Lama Sherab
Gyaltsen Rimpoché, qui a dirigé la construction des huit stoupas,
pour donner les initiations nécessaires. Bien entendu S.S. le XVIIe Karmapa
Thayé Dordjé et Shamar Rimpoché ne manqueront pas de venir
dispenser des enseignements quand ils viendront en France.
Cette grande entreprise couronnera nos efforts pour le bien des êtres
et la perpétuation des connaissances transformatrices de la lignée
Kagyu. Nous comptons sur l’aide de vous tous.
Un chaleureux merci d’avance !
Jean-Pierre Schnetzler
Lyon : 7-8 février - tél 04 37 24 01 93
Suisse et Allemagne du sud : 22 au 31 mars (détails
du voyage à préciser)
Valderoure/Institut Karmapa près de Grasse (06) : 3-4
avril - tél : 04 93 60 90 16
Lyon : 8 avril - tél 04 37 24 01 93
Cérences (Granville) : 22-23 avril -tél 02 33
51 96 33
Babylone/Centre de Yoga-Dharma(Le Havre) : 24-29 avril -tél
02 35 20 65 28
Varengeville (Dieppe) : 30 avril - tél : 02 35 85 14
34
Paris : 1-2 mai - tél 01 47 43 16 41
Barnave (Die-26) : 20 juin -tél: 04 75 21 82 88
Centre de Yeunten Ling (Belgique) :24 – 28 juin tél
: 0032 85 27 11 88
Gulina (Pamplona - Espagne) : début juillet (à
préciser) tél 0034 9 48 600 668
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Vous constaterez une légère augmentation des prix de 5 % (uniquement sur les séjours). Les prix des repas n’avaient pas augmenté depuis 1991, ceux des séjours, depuis 1994 ! Cette augmentation devenait donc nécessaire tout en restant très modeste. L’objectif de Karma Migyur Ling a toujours été que la question financière ne soit pas un obstacle à la pratique du Dharma. Le montant de l’adhésion et les frais de session restent inchangés (eux aussi depuis 1991). D’autre part, certains intervenants extérieurs ont demandé une augmentation du prix de leurs sessions, sur la part qui leur revient.
Il est maintenant possible de régler ses arrhes par Carte Bleue. Il suffit de préciser le nom du titulaire, le numéro de carte à 16 chiffres et la date d’expiration et de l'envoyer au centre soit par courrier avec le bulletin de réservation, soit par internet, par système sécurisé, à partir du site montchardon.org en remplissant le formulaire d'inscription. N'envoyez pas d’email non sécurisé. Pour des raisons légales, nous ne pouvons garder les numéros de votre CB. Veuillez les préciser à chaque règlement.
Vous avez été nombreux à constater et à regretter
l’encombrement croissant du standard téléphonique de Montchardon.
Il n’est pas rare de devoir rappeler plusieurs fois avant d’obtenir
la ligne. Cette difficulté est bien évidemment due à l’augmentation
constante de la fréquentation du centre.
Aussi, pour faciliter à la fois le travail des personnes de l’accueil
et la communication avec l’extérieur, nous venons d’installer
un nouveau système téléphonique Numéris qui va permettre
de mieux gérer les liaisons téléphoniques et d’en
délester certaines grâce à des lignes directes.
Une autre difficulté sont les appels concernant l’accueil et les
séjours, qui arrivent à n’importe quelle heure du jour ou
de la nuit. Le centre a toujours veillé à demeurer joignable à
tout moment par téléphone, pour des communications urgentes. Toutefois,
les personnes de l’accueil ne peuvent être disponibles de 7h à
22h ! Le bureau est ouvert tous les jours de 9 à 12h et de 14h à
16h. Nous demandons plus de rigueur sur les horaires de vos appels.
La troisième difficulté est celle des appels qui vous concernent
lors de votre séjour au centre. Vos amis, vos proches cherchent parfois
à vous contacter. Malheureusement, vous êtes soit en session, soit
dans votre chambre, soit à l'extérieur ou partis vous promener,
… Bref il est très difficile de vous joindre par téléphone
lors de votre séjour, et plus encore lorsqu’il y a du monde.
Aussi, un numéro direct vous a été réservé.
Il fonctionne aux moments où il est possible de vous joindre, c’est-à-dire
durant les repas entre :
8h et 8h50 - 12h et 12h50 - 19h et 19h50
Au numéro suivant : 04 76 36 79 79 installé
Veuillez communiquer ce numéro aux personnes susceptibles de vous appeler ou donnez-leur votre numéro de portable.
Lama Teunsang a souhaité que le rituel de Milarépa ainsi que
celui du Bakcha Rangdreul(1) "l'auto-libération des tendances inconscientes"
soient accomplis régulièrement dans le temple à Montchardon.
Ainsi Milarépa se fera chaque mois, les jours de pleine lune, à
6h30. Celui du Bakcha Rangdreul, à chaque nouvelle lune après
Tchenrézi, à 20h. Voir le calendrier dans le programme 2004.
(1)Le rituel du Bakcha Rangdreul est aussi appelé "l’Entraînement
de la préparation pour la vie et la mort". Écrit par le Terteun
Karma Lingpa, ce texte a été enseigné par Lama Sherab Gyaltsen
Rinpoché en mai 2003. Par la récitation de ce texte et l'entraînement
à cette pratique, l'on est amené à se familiariser avec
toutes les visions archétypales des 100 divinités paisibles et
courroucées qui ne sont que la dynamique de notre propre esprit et qui
surgissent à la conscience après la mort. C'est grâce à
cette familiarisation que l'on peut, au cœur de l'expérience de
la mort, reconnaître la nature de notre esprit et obtenir la libération.
Lors de son dernier séjour à Kathmandou, Lama Teunsang a commandé une grande statue de Tchenrézi à Onze Visage et Mille Bras, qui est l’aspect que l’on médite durant la pratique de Nyoung Né. Il s’agit d’une statue magnifique, qui a environ la hauteur d’un homme et dont nous avons contemplé la réplique dans le temple de Lama Shérab Gyaltsen Rinpoché à Swayambounath, tout près de Kathmandou. Elle est actuellement réalisée chez un artisan connu de Rinpoché. Elle devrait arriver durant l’hiver. Toutes les personnes qui veulent participer à son acquisition sont les bienvenues.
Nous aurions besoin d’un(e) cuisinier(e) bénévole qui puisse assurer la responsabilité des repas dans les périodes d’absence des cuisinières. Contacter le secrétariat.
Veuillez noter les changements d’adresses :
L’accueil : accueil@montchardon.org
La boutique :
snc-montchardon@montchardon.org
Depuis plusieurs années, nous souhaitons pouvoir communiquer des informations par emails. Jusqu’à présent, cela ne s’est pas fait pour des raisons techniques. Le problème étant maintenant résolu, cela va se mettre en place progressivement. Si vous désirez ainsi recevoir des informations du centre, faites-nous parvenir votre adresse électronique sur le site du centre : montchardon.org, à la rubrique "Mailing list".
Vous êtes nombreux chaque année à soutenir le centre par
des dons réguliers ou ponctuels et nous vous en remercions. C’est
grâce à ce soutien financier que le centre peut exister et permettre
à tous de bénéficier de ses activités.
Une bonne nouvelle pour les donateurs : de nouvelles dispositions ont été
annoncées le 1er août 2003 en matière de réductions
fiscales. L’administration française propose depuis longtemps des
réductions d’impôts aux contribuables qui soutiennent les
associations. Par cette nouvelle loi, les réductions se sont notablement
accrues et sont applicables rétroactivement sur tous les dons faits depuis
le 1er janvier 2003. Quels sont ces changements ?
Tout don ouvre droit à une réduction d’impôt :
- égale à 60% du montant du don (au lieu de 50 % auparavant)
- plafonnée à 20 % du revenu imposable du donateur (au lieu de
10 % auparavant)
- avec possibilité de report sur 5 ans de l’avantage fiscal pour
la partie du don excédant le plafond de 20 % précité.
Voici un exemple, pour illustrer ces chiffres : pour un revenu imposable de
15 000€, le plafond de réduction d’impôts est de 3000€
(15 000€ x 20 %). Les dons fait dans la limite de ces 3 000€ donneront
droit à une réduction d’impôts de 60% de ces dons.
Dans cet exemple, un don de 3 000€ ouvre droit à 1 800€ de
réduction d’impôts (3 000€ x 60%).
D’après une revue juridique(1), spécialisée dans
le domaine associatif : “Pratiquement, comme l’indique le tableau
ci-dessous, le nouveau régime de déductibilité permet aux
donateurs d’augmenter de 25% le montant de leur dons sans dépenser
un euro de plus, le coût réel demeurant identique”.
Montant du don versé |
Déduction fiscale |
Coût réel du don |
Avant le 1/1/03 |
50% = 250 € |
250 € |
Depuis le 1/1/03 625 € |
60% = 375 € |
250 € |
(1)source : Juris associations n° 286 15/10/03
Rappelons qu’il est nécessaire de signaler le(s) don(s) dans sa
déclaration d’impôts en joignant le reçu fiscal fourni
par le centre, en fin d’année.
Comme l’an dernier, trois Oumzé (maîtres de chants rituels)
du monastère de Rumtek, en Inde, viendront à Montchardon du 18
au 23 février pour accomplir les rituels de Mahakala(2), qui se font
chaque année, avant le nouvel an tibétain.
Nous profiterons de leur présence pour accomplir le grand rituel pour
les morts appelé "Karling Shitro", les dimanche 22 et lundi
23 février.
À cette occasion, il est très bénéfique de communiquer
les noms de personnes décédées (même depuis longtemps)
et de faire des offrandes qui leur seront dédiées. Traditionnellement,
ces offrandes - le montant importe peu - sont considérées comme
le moyen de créer un lien entre les lamas et moines qui font le rituel
et le défunt. Ce rituel durera toute la journée, sur ces deux
jours.
(2)Rappelons que Mahakala Pernachen est le principal protecteur de la lignée
Kagyupa. Il est l’aspect courroucé de l’amour et de la compassion
des bouddhas et dissipe les obstacles et les conditions adverses.
par Jean-Marc Falcombello
Le 13 septembre 2003, pour la deuxième fois, nous nous sommes retrouvés
au Tibet avec Lama Teunsang, l'accompagnant dans son pèlerinage du lac
Namtso et, pour certains d'entre nous, le suivant jusque dans sa vallée
natale de Kierong, dans le Kham profond à l'Est du Tibet.
Faire l'inventaire de tous les lieux visités et de toutes les expériences
vécues pendant ces deux mois donne le vertige, tant nous avons parcouru
de territoires riches en histoires. Il faudrait y consacrer un carnet de route
racontant par le menu les événements des jours passés.
Au lieu de cela, il reste la possibilité d'un choix subjectif parmi les
souvenirs gardés en mémoire, et le premier qui s'impose, tout
en respectant une certaine chronologie, c'est Samyé.
Le lendemain de notre arrivée, sans même reprendre notre souffle,
nous avons visité la vallée de Yarlung, berceau de la civilisation
tibétaine, et ce n'est qu'après avoir fait le tour des multiples
temples et grottes de cette vallée que nous avons pris le chemin de Samyé,
de l'autre côté du Brahmapoutre.
Passé le nouveau pont qui mène au monastère, nous avons
suivi la route serpentant parmi les dunes de sable et longeant l'immense fleuve
de la haute Asie. Après la dernière maison du village qui voisine
le monastère, nous avons franchi la porte d'enceinte du grand mur circulaire
hérissé d’un grand nombre de petits stupas marquant la limite
de ce mandala grandeur nature, avec en son centre, le temple.
Arriver
à Samyé dans la lumière éclatante d'une fin
de journée est un souvenir mémorable. Ce qui frappe d'emblée
c'est la grandeur du temple central surmonté de ses toits d'or, la majesté
du lieu et l'imposante présence du bâtiment. Ce fut à cet
endroit que Gourou Rinpoché, au VIIIe siècle de notre ère,
bâtit le premier temple bouddhiste. Venir à Samyé, c'est
faire un retour sur l'ancienne histoire du Tibet et prendre la mesure de l'œuvre
gigantesque accomplie par Gourou Rinpoché et les premiers rois bouddhistes
du Tibet.
Les noms des bâtiments de moindre importance en taille, qui entourent
le grand temple, témoignent encore de cette époque. L'on parle
ainsi du temple des chinois, de celui des indiens, ou encore, de celui des traducteurs,
rappelant le travail colossal entrepris par des générations d'hommes
investis dans la traduction des traités volumineux de la pensée
bouddhique et affairés à donner au Bouddhisme son assise tibétaine.
Il faudrait des heures pour évoquer Samyé et ses richesses, décrire
la beauté des statues et des peintures murales encore largement conservées
malgré les déprédations récentes de la révolution
culturelle.
C'est d'ailleurs une source d'étonnement quand on sait les ravages occasionnés
à ce riche patrimoine par les troupes chinoises aux heures sombres de
l'occupation. Mais ce serait sans compter avec la vitalité du peuple
tibétain et son histoire millénaire. Aujourd'hui, la plupart des
milliers de temples détruits dans les années soixante et soixante-dix
sont reconstruits.
Bien sûr, les grandes communautés monastiques d'alors n'existent
plus, même si on est souvent surpris d'entendre que tel monastère
compte 200 moines et que tel autre ou tel ermitage en compte 170 ou 300.
Il en est ainsi des ermitages de Samyé Chimpu, à 4400m d'altitude,
dominant la vallée du Brahmapoutre, près de Samyé. Nous
y avons passé une journée à marcher de grotte en grotte
sur des sentiers escarpés, rencontrant quelques-uns des 200 ermites des
deux sexes et de tous âges demeurant en ces lieux, pour certains, depuis
de nombreuses années. C'est là encore un signe de la vitalité
du bouddhisme et de l'identité tibétaine.
Un constat fait à plusieurs reprises et qui détonne avec la version
officielle qui tient pour quasi morte la culture tibétaine dans son propre
berceau. L'on ne peut pas bien sûr nier la présence chinoise particulièrement
visible dans les grandes villes, ni les offenses faites à la liberté
d'expression et aux droits individuels, mais le Tibet n'est pas mort, loin s'en
faut, et tout au long de ce pèlerinage nous en avons perçu les
signes manifestes.
Après Samyé, comme il se doit, nous nous sommes arrêtés
à Lhassa, la capitale et l'autre cœur du Tibet historique. Par chance,
nous avons pris nos quartiers à la limite du Barkor, le cœur chaud
de la ville tibétaine et à deux pas du Jokhang, à l'hôtel
Doghoo. De style tibétain chatoyant, cet hôtel nous a servi de
base arrière pour visiter les lieux incontournables d'un voyage au Tibet
: le Potala, le Jokhang, Séra et Drépoung. Pas une statue n'est
anodine, pas une cour de temple, pas une chapelle, pas un temple ou une pierre
n'est dépourvue de sens. Tout est occasion d'en savoir plus et de comprendre
encore mieux pourquoi cette culture est si riche de toutes ses influences culturelles
multiples.
Le Jokhang, nommé ainsi parce qu'il abrite la statue du Jowo représentant
le Bouddha à l'âge de 12 ans, offerte en dot par la princesse Wengchen
au roi du Tibet d'alors, le roi Songtsen Gampo, est une incroyable superposition
de toutes ces influences. À sa manière, le Jokhang et ses multiples
chapelles sont un livre ouvert racontant le Tibet et la foi bouddhiste de son
peuple. Depuis toujours, ce temple a été considéré
comme le plus saint de tous et les pèlerins de toutes les régions
himalayennes, aujourd'hui encore, y affluent. Beaucoup d'entre nous y sont retournés
à plusieurs reprises et la récitation des souhaits en compagnie
de Lama Teunsang devant le Jowo restera sans aucun doute un des moments forts
du pèlerinage.
En quittant Lhassa, nous sommes partis en direction du lac Namtso, le but de
notre périple, en faisant un rapide crochet par Tsurphu, le siège
des Karmapa dans le Tibet central. Avouons que malgré la beauté
du site, l'impression est à la désolation depuis la fuite du Karmapa
chinois en Inde auprès du dalaï-lama, un événement
récent de l'histoire du Tibet et qui nous rappelle combien celle-ci a
été mouvementée au cours des siècles.
Parcourant les hauts plateaux, nous avons fait une halte à Yangpachen,
siège des Shamarpa. Un monastère vivant où demeurent plus
d'une centaine de moines éloignés des routes touristiques et donnant
l'impression d'une activité spirituelle soutenue. L'accueil réservé
à Lama Teunsang, reçu avec tous les honneurs, nous a donné
la pleine mesure de son activité dans de nombreux monastères du
Tibet où il a institué, depuis plusieurs années déjà,
des pratiques de Nyoung-Né et de récitation de mantra.
Passé la ville nouvelle et chinoise de Damchung, nous avons franchi les
derniers kilomètres nous séparant du lac Namtso. Enjambant le
dernier col, nous avons enfin aperçu les pourtours bleutés du
lac Namtso, cette gigantesque étendue d'eau, la plus grande après
le lac Kokonor. Ainsi s'ouvraient enfin à nous les étendues sans
limites des Tchang Tang bordées à l'Ouest par la chaîne
de montagnes imposantes du Nyengchen Tangla et marquées au Sud par les
eaux célestes du Namtso.
Le plus saint d'entre tous, le
lac Namtso a depuis toujours été considéré comme
un lieu de pèlerinage de première importance par les Tibétains
et chaque montagne qui l'entoure fait intégralement partie d'une géographie
sacrée dont il est le centre. Faire le tour de ce lac, demeure de Dorjé
Phagmo, était le but de notre pèlerinage. Initialement prévu
pour être circumambulé en 8 jours, nous en avons fait le tour en
3 jours pour couper court à tout risque de neige et pour éviter
le froid tenace qui peut s'abattre à tout moment. Faire ainsi le tour
de ce lac situé à 4700 mètres d'altitude est une véritable
aventure, même si nous l'avons fait en jeep et dans les meilleures conditions
possibles.
Le tour lui-même a débuté sur la presqu'île de Tashi
Dor où nous avons rendu visite à un ermite ami de Lama Teunsang.
Avec lui nous avons visité les innombrables grottes, cavernes et rochers
de Tashi Dor portant la marque des êtres accomplis du passé.
Ce n'est que deux jours plus tard que le tour proprement dit à commencé.
Ce ne fut alors plus que plaines gigantesques, routes défoncées
et dangereuses, campements de nomades, poussières et beauté aveuglantes.
Trois jours d'un voyage nous amenant loin et nous permettant de vivre des expériences
d'une grande densité. Pour autant, les difficultés n'ont pas été
absentes, et la patience et l'endurance de tous a été mise à
rude épreuve, comme souvent au Tibet.
Une fois la circumambulation du lac Namtso accomplie, nous avons repris la route
du Tibet en faisant un large crochet par Taglung, Réting, Drigung et
Drepung.
À nouveau, il y aurait beaucoup à dire sur ces monastères
célèbres, sur les rencontres faites avec les nonnes de l'ermitage
de Samten Ling, sur les sources d'eau chaude de Tetroum ou les forêts
reposantes de genévriers qui entourent Réting.
Mais certainement que la plupart des trente-cinq participants à ce pèlerinage
se joindront à moi pour dire que les funérailles célestes
du monastère de Drigung nous ont fortement impressionné. Durant
une matinée, nous avons assisté au dépeçage des
morts accompli par les mains expertes des officiants. La nuée des vautours
venant se repaître en parfaite concordance avec le mouvement des hommes
et le spectacle digne et profond de la mort ainsi mis en scène nous aura
inspiré et convaincu de l'impermanence.
De retour à Lhassa, le premier groupe de personnes a pris alors le chemin
de retour pour l'Europe en passant par Katmandou pendant que nous attendions
trois personnes arrivant en sens inverse pour se joindre à notre petit
groupe restant. En compagnie de Lama Teunsang, nous avons alors pris la direction
du Kham et de la vallée de Kierong.
Une fois surmontées les difficultés administratives inhérentes
à ce genre de voyage, nous avons commencé un long périple
de sept jours pour nous rendre au fin fond du Kham, tout à l'Est du Tibet.
Très vite, après les Tchang Tang, le paysage a commencé
à changer en s'approchant du Kham. Les grandes plaines ont peu à
peu fait place aux profondes vallées boisées et nous avons ainsi
traversé les villes et bourgades de Nagchu, Tengchen, Riwoché
et Nangchen.
Pour faire court, disons que nous avons découvert un pays magnifique,
interminable, et que peu à peu nous avons pénétré
dans des régions qui semblent avoir gardé un caractère
intact malgré la présence chinoise. Après le monastère
de Surmang, à un jour de jeep de la vallée de Kierong, nous avons
vraiment eu l'impression d'arriver dans un autre monde.
Quand nous sommes descendus de notre jeep à Terteun Geun et qu'une foule
d'hommes et de femmes du Kham nous ont dévisagés en souriant,
cette notion d'un autre monde a pris tout son sens. Il est possible que parmi
ces personnes rencontrées certaines n'avaient jamais vu d'Occidentaux.
Quoi dire de l'accueil reçu si ce n'est qu'il fut l'expression d'une
authentique générosité ? Les mots sont faibles pour dire
tout ce qui nous a traversé, et la rencontre à Terteun Geun de
Chogling Rinpoché, un des plus grands maîtres Nyingmapa, nous a
tous touchés profondément.
À partir de là et à chaque fois que nous nous sommes arrêtés
quelque part, Lama Teunsang a été reçu avec les plus grands
honneurs. Plus nous nous enfoncions dans ces profondes vallées boisées
et difficiles d'accès, plus des gens accouraient pour recevoir la bénédiction
du Lama, et en arrivant aux pieds du monastère de Kierong, clé
tant attendue de notre voyage, c'est une troupe de cavaliers du Kham dans leurs
atours qui nous ont accueillis.
Après tous ces jours de routes parfois terrifiantes, passant par des
cols qu'aucune carte ne mentionne, il y eut alors ce moment d'une grande intensité
et ferveur où, en silence, la troupe de cavaliers a tourné autour
du Lama et de nos trois jeep pour lui rendre hommage. Tenant d'une main leur
chapeau et de l'autre une kata, habillés comme des princes et montant
avec élégance leurs chevaux harnachés de leurs plus belles
selles de couleur rouge, ils nous ont laissés silencieux, émus,
proches des larmes.
Ensuite, nous précédant, ils ont ouvert la route devant nous sur
quelques kilomètres jusqu'au monastère de Kierong, le monastère
du père de Lama. Toute la population attendait Lama Teunsang, heureuse
de le voir enfin de retour dans son pays. Situé en haut d'une pente très
raide, nous avons atteint le monastère sur le dos des chevaux et au son
des trompes longues, de la fumée de genévriers et des gyaling.
Une fois le temple atteint, Lama Teunsang a été invité
à y pénétrer et à prendre place sur le trône
principal. Les moines lui ont alors présenté les offrandes du
corps, de la parole et de l'esprit. Soixante ans après le Lama était
enfin de retour
chez lui (il a quitté très jeune sa région natale).
Nous sommes restés quatre jours pleins à Kierong, passant notre
temps à être invités dans toutes les familles des environs,
le Lama donnant ses conseils et sa bénédiction nuit et jour. En
repartant pour Chamdo, où nous devions prendre l'avion pour Lhassa et
plus loin, pour l'Europe, nous étions pleins de ces expériences
vécues et de cet accueil si chaleureux et émouvant.
En partant, Lama Teunsang a promis de revenir lorsque le projet d'école
qu'il veut construire sera sur pied, manière de dire que ce n'est pas
là la fin de l'histoire.
Nous avons donc eu enfin la chance de pouvoir nous rendre à Kierong. Lors du voyage précédent, en 2001, suite aux événements du 11 septembre, les autorités chinoises avaient interdit l’accès du Kham.
Depuis plusieurs années déjà, la population de cette vallée
reculée et très difficile d'accès avait demandé
à Lama Teunsang de l’aider au développement de la région.
Il y avait donc un double intérêt à accomplir ce voyage.
Durant ces jours, Lama Teunsang a rencontré tous les habitants, écoutant
leur doléances et se penchant sur leurs problèmes. Il est apparu
clairement que le projet de la construction d'une école s'impose, tant
les moyens d'éducations mis à disposition de la population sont
pauvres.
Les seules écoles existantes sont très éloignées
de la vallée de Kierong et, même si les parents trouvaient les
moyens d'y emmener leurs enfants, ils ne pourraient jamais payer le prix de
leur scolarité étant pour la plupart dépourvus d'argent.
Le mode de vie des gens de la vallée est nomadique et pastoral. Les seules
richesses qu'ils possèdent sont le bois, le beurre, le yaourt et la viande
de yak. Pas de quoi construire une école ou payer la scolarité
de leurs enfants…
En nous rendant sur place, nous avons pu évaluer les besoins et nous
faire une idée plus précise des démarches à entreprendre
pour un tel projet. À deux reprises, nous avons rencontré les
dirigeants du district qui nous ont assurés de leur aide et de leur encouragement.
C'est une première étape décisive et jusqu'alors, nous
ne savions pas comment ce projet serait reçu par les autorités
officielles. Forts de leur appui, nous sommes en train de faire les démarches
suivantes par le biais de Sogué, un neveu du Lama qui fait office de
personne de contact entre notre association, les autorités locales et
la population.
Il faut se représenter la vallée de Kierong comme une longue vallée
sinueuse et boisée sans véritables routes. Dans le futur, il est
question de la construction d'une route qui reliera Chamdo à Kierong
en une journée. Pour l'instant, il faut emprunter une route très
périlleuse qui passe par des hauts cols.
Mais pour en revenir à la vallée, il se trouve heureusement qu'il
y a quelques terrains plats et qu'un de ceux-ci appartient au monastère
de Kierong, le monastère familial de Lama Teunsang. Avec des membres
de la communauté monastique, nous avons visité ce
terrain qui est tout à fait approprié à la construction
d'une école. Bien plat, bordé d'un côté par la rivière
Kèchou et de l'autre par des grandes falaises, il est suffisamment vaste
pour recevoir la construction des bâtiments scolaires. Pour l'instant,
il est question de construire une école qui pourra recevoir plus d'une
centaine d'écoliers de tous âges, mais leur nombre exact est encore
à fixer.
Le projet d'école comprend des salles d'études, des logements
pour les professeurs et les élèves. L'école devrait fonctionner
sur le mode d'un internat. Une fois l'école construite, le gouvernement
chinois pourvoirait aux frais administratifs des enseignants (salaires, assurances
sociales et autres) et au programme scolaire. Ce qui sera donc du ressort de
notre association sont les frais de scolarité des enfants sur cinq ans
(pensions complètes, matériel scolaire, frais médicaux)
et les frais de construction des bâtiments. Les cours comprendront entre
autres matières l’étude du chinois, du tibétain et
de l’anglais.
Nous commencerons la construction de l'école dès que nous aurons
obtenu les autorisations nécessaires auprès des autorités
chinoises de Chamdo et de Lhassa.
Pour résumer, plusieurs étapes doivent donc encore être
franchies.
Première étape : il nous faut obtenir la totalité des autorisations
officielles, définir le nombre exact d'élèves et réunir
les fonds permettant la construction de tous les bâtiments (salles d'études,
dortoirs, sanitaires, dispensaire, bâtiments administratifs, logements
pour les enseignants).
Deuxième étape : organiser la construction sur place et mettre
sur pied un réseau de parrainage pour assumer les frais de scolarité
de chaque enfant sur cinq ans.
Troisième étape : suivre attentivement la mise en place du fonctionnement
de l'école dans tous ses aspects (pédagogiques, administratifs
et pratiques).
Actuellement, nous oeuvrons activement à la récolte des fonds
et nous remercions d'ores et déjà toutes celles et ceux d'entre
vous qui ont déjà adressé leurs dons à l'association.
Nous avons déjà reçu la somme de 21 000€.
Nous faisons à nouveau appel à votre générosité
pour nous aider à récolter les fonds nécessaires à
l'avancement du projet et pour faire connaître le plus largement possible
les activités des "Amis de Kierong". Précisons que la
gestion et les activités de cette association sont totalement indépendantes
de celles de Montchardon.
De notre côté, nous avons mis en vente différents produits,
dont le film tourné au Kailash il y a deux ans avec Lama Teunsang et
réalisé par nos soins. Nous avons le projet de réaliser
deux nouveaux films sur le voyage de cette année et de les mettre de
même en vente au profit de l'association. D'autres opérations de
récolte des fonds sont actuellement à l'étude.
Rappelons qu’il existe un site web : www.kierong.org Vous pouvez charger
un petit film d’environ 6mn réalisé par nos soins sur le
projet de l’école, présenté par Lama Teunsang, où
l’on découvre de belles images sur cette vallée.
Merci encore à toutes et à tous pour le soutien que vous nous
avez manifesté et pour toute l'aide future que vous nous accorderez.
Les Amis de Kierong
Montchardon - 38160 Izeron - France.
CCP : 4 688 39 R Grenoble
Email : "info" suivi de "@kierong.org" ne taper que les
caractères entre les ""
site web : www.kierong.org